L’eurodéputé maltaise Miriam Dalli défend un cadre législatif européen plus solide sur le cannabis médicinal. Une perspective qui pourrait aussi favoriser les investisseurs du secteur.
L’accès au cannabis médicinal n’est pas une sinécure pour les patients de l’UE, a affirmé Miram Dalli, eurodéputée maltaise membre du S&D, dans un entretien en marge du MedCann Word Forum qui s’est déroulé à Malte du 19 au 21 novembre.
« Nous parlons bien ici de cannabis médicinal et non récréatif », précise-t-elle, ajoutant que le traitement thérapeutique ayant recours au cannabis et aux cannabinoïdes semblait encore mal vu, comme si son utilisation avait quelque chose de fantaisiste.
Selon elle, il est inacceptable que les patients qui achètent régulièrement du cannabis médicinal dans leur pays d’origine ne soient pas autorisés à en prendre lorsqu’ils voyagent dans l’UE, ou qu’ils n’aient même pas accès à la substance dans tous les pays.
« Si le bien-être de nos patients nous tient vraiment à cœur, nous devons nous assurer qu’ils aient accès au cannabis médicinal à travers l’UE », assure-t-elle.
Miriam Dalli réclame un cadre législatif européen plus adapté . Malte est le première pays a avoir établi des règles qui garantissent des produits de qualité aux patients et un marché pour les investisseurs.
En avril 2018, Malte a en effet adopté la loi sur la production du cannabis à des fins médicinales et scientifiques (the Production of Cannabis for Medicinal and Research Purposes Act), qui offre un cadre législatif autorisant les entreprises à cultiver, importer, traiter et produire du cannabis à usage médical et scientifique dans un environnement contrôlé et surveillé.
« Notre île travaille d’arrache-pied pour tirer profit des dernières évolutions en la matière » explique l’élue.
Plusieurs autres États membres de l’UE réfléchissent, ou ont déjà mis en place des mesures afin de faciliter l’accès à la marijuana médicinale, après que l’Allemagne a ouvert la marche en légalisant son usage thérapeutique en 2017.
Démonter les idées fausses
Les ordonnances de cannabis médicinal n’ont pas encore connu l’envol attendu dans des pays comme le Royaume-Uni, où les médicaments à base de cannabis peuvent être prescrits depuis 8 mois. Certains docteurs sont réticents à l’idée de prescrire cette substance en raison du manque d’essais cliniques.
Mais aux yeux de Mme Dalli, cela ne devrait pas être utilisé comme excuse pour restreindre l’utilisation du cannabis médicinal, car il a déjà fait ses preuves auprès de certains groupes de patients.
« Il s’agit d’une nouvelle branche scientifique et le corps médical formé il y a dix ou vingt ans n’a pas pour habitude de prescrire du cannabis », a-t-elle souligné, ajoutant que la formation était essentielle.
Pour l’eurodéputée maltaise, aider les médecins à comprendre la recherche, le dosage et le système endocannabinoïde est un bon début, mais c’est la conception générale du cannabis thérapeutique qui doit changer.
« Ce n’est pas une médecine alternative. Le cannabis médicinal devrait être perçu comme un médicament traditionnel. Après tout, cela fait des années qu’on l’utilise », a-t-elle fait remarquer.
Confusion autour du CBD
En février 2019, le Parlement européen a adopté une résolution appelant la Commission européenne et les autorités nationales à fournir une définition juridique du cannabis médicinal.
Les eurodéputés souhaitaient opérer une distinction claire et précise entre les médicaments autorisés par l’Agence européenne des médicaments (EMA) et d’autres agences de réglementation, le cannabis thérapeutique non validé par les essais cliniques et d’autres applications.
Du côté scientifique, ils ont aussi demandé à la Commission qu’elle s’implique davantage dans la recherche pour stimuler l’innovation de projets liés à la marijuana médicinale.
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