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WEEDYLAND TIMES

France :Légalisation du cannabis : «ce serait galère» pour les dealers

La France va expérimenter le cannabis thérapeutique pendant deux ans, à partir de 2020. Cette période d’essai a fait l’objet de nombreux débats, des repas de famille jusqu’aux bancs de l’Assemblée nationale.


Si la France est le premier pays européen consommateur de cannabis, la loi interdit aujourd’hui la production, la détention, la vente et la consommation de ce produit stupéfiant. Une mission d’information parlementaire devrait être lancée prochainement pour « éclairer le débat public » français sur tous les usages du cannabis, y compris récréatif. Pour certains dealers, la perspective d’une légalisation du cannabis est assez mal vue.


« Comment on va faire de l’argent ? »

« Si on légalise, c’est pas les Noirs et les Arabes qui vont avoir les commerces qui vendent ça » peste Youssouf*, petite main du trafic de la cité de Bout-en-Train à Saint Ouen, en bordure du périphérique parisien. Dealeur pendant un temps, il a passé un mois et demi en prison. Désormais, il fait le « chouf » (guetteur en argot). Youssouf* n’a aucune envie que son commerce devienne licite. Si le cannabis était légalisé, « ça serait galère : comment on va faire de l’argent ? » s’interroge-t-il.



Comme guetteur, il dit toucher « 100 euros pour 12 heures » de travail, entre midi et minuit. Une manne qui, admet-il, serait menacée si les clients pouvaient se procurer leur cannabis librement. « Ici tu peux choper du shit ou de la beuh (herbe, ndlr), mais que d’une sorte. Dans une boutique, t’aurais plein de variétés. » À ses côtés, Youssouf* reste confiant. « On vendra moins cher, y aura toujours de la parallèle, car ce sera trop réglementé », élude-t-il. Moins serein, Bernabé avertit : en cas de légalisation, « ça sera le ‘fuego’ dans les cités ».


100 000 personnes participent au trafic de cannabis en France

« La légalisation du cannabis, c’est plus un choc social qu’un choc sanitaire. Cela nécessite de mettre un coup de pied dans la fourmilière des banlieues », estime Christian Ben Lakhdar, professeur d’économie à l’université de Lille. Selon ce spécialiste des drogues, environ 100 000 personnes participent plus ou moins régulièrement au trafic en France.


« En tant que société, il faudra se rendre compte qu’on a été hypocrites, en faisant porter la responsabilité des stups aux gens les plus exposés à la précarité », lance-t-il, dénonçant le traitement de faveur réservé, selon lui, aux fumeurs de joints des beaux quartiers. « Ces gens-là ne sont jamais inquiétés. Mais pour qu’il y ait des vendeurs, il faut qu’il y ait des consommateurs », juge-t-il.


* : Les prénoms ont été modifiés



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