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WEEDYLAND TIMES

Business :COMBIEN ÇA GAGNE, UN PRODUCTEUR DE CANNABIS?


URBANIA et Origine Nature vous invitent une journée dans la vie d’un master grower. Alexandre Gauthier fait la job que tout cégépien qui a étudié en sciences humaines a un jour rêvé de faire : il fait pousser du cannabis. La différence, c’est qu’en tant que master grower (maître cultivateur), son terrain de jeu est plus vaste qu’une triste plantation clandestine cachée dans un sous-sol. Dans l’industrie depuis 16 ans – il est maintenant âgé de 31 ans, faites le calcul –, Alexandre s’est découvert à l’adolescence un pouce vert grâce avec lequel il gère aujourd’hui une plantation produisant jusqu’à 200 kilos de cannabis toutes les deux semaines. ALEXANDRE S’EST DÉCOUVERT À L’ADOLESCENCE UN POUCE VERT GRÂCE AVEC LEQUEL IL GÈRE AUJOURD’HUI UNE PLANTATION PRODUISANT JUSQU’À 200 KILOS DE CANNABIS TOUTES LES DEUX SEMAINES. Il a travaillé à sa première production alors que sa famille habitait en Europe à cause de l’emploi de son père. « J’habitais en Alsace, proche d’Amsterdam, et j’avais des amis qui s’étaient acheté un coffee shop là-bas. On s’est mis à produire du cannabis pour eux. »

Le problème, c’est que la vente de cannabis aux Pays-Bas, bien que tolérée, évolue dans une zone grise qui rendait Alexandre mal à l’aise. « À Amsterdam, tu as seulement droit à 500 grammes dans un coffee shop. Alors t’as pas le choix d’avoir des appartements dans le coin où entreposer tes fleurs séchées, et de faire des allers-retours constants pour rafraîchir le stock. Et comme le pot est légal uniquement une fois rendu dans le coffee shop, la police peut t’arrêter entre les deux et ça peut créer des problèmes. » N’en pouvant plus de ces paradoxes, Alexandre décide de revenir au Canada. « J’aime pas la criminalité, j’ai pas envie d’être un criminel, c’est pas mon but. » C’est en revenant au Canada qu’il apprend l’existence des permis de production à des fins médicales, ce qui lui permet de continuer dans la branche (la pognez-vous ?) du cannabis et de développer son expertise. « Moi-même, j’ai une prescription médicale parce que j’ai des maux de dos chroniques et des problèmes de sommeil. » Par empathie, il donne un coup de pouce aux gens autour de lui qui ont des prescriptions médicales en les aidant à faire pousser leur propre médecine. « Une fois que tu as ta prescription, le gouvernement t’autorise à faire pousser un certain nombre de plantes par gramme prescrit, et tu peux les faire pousser toi-même, ou bien avoir un cultivateur attitré. » Les grandes ligues Fort de cette expérience et d’un DEP en électricité (qui lui est encore utile tous les jours, me dit-il), Alexandre Gauthier se retrouve enfin dans les ligues majeures des producteurs de cannabis. Il se joint à l’équipe d’Aurora Cannabis, puis à celle de Tidal Health, où on lui confie un poste de master grower, avant de s’installer finalement chez Origine Nature. Et comme son titre ressemble au nom d’un boss dans un jeu vidéo, je n’ai pas le choix de lui demander : « Mais ça fait quoi de ses journées, un master grower? » «C’EST UN GROS PUZZLE, PARCE QUE TOUTES LES ÉTAPES DOIVENT ÊTRE COORDONNÉES […] TOUT DOIT ROULER AU MÊME RYTHME, SINON LA QUALITÉ DU PRODUIT DIMINUE. » Si on résume grossièrement, ça supervise la chaîne de production. C’est un travail à la fois de macro et de micro gestion. « Quand j’arrive le matin, je commence toujours par faire une inspection de mes installations, pour m’assurer qu’il n’y a pas de problèmes. Puis, on fait des rencontres d’équipe pour répartir tout ce qu’il y a à faire. C’est un gros puzzle, parce que toutes les étapes doivent être coordonnées. Dans la chaîne, on a une équipe sanitaire, des équipes de growers, de trimmers, d’emballage, et tout doit rouler au même rythme, sinon la qualité du produit diminue. » Comme Alexandre le dit lui-même, produire du cannabis est un travail d’équipe, et la qualité d’un maître cultivateur correspond à celle de son équipe. « Au total, dans mon team, on cumule plus de 100 ans d’expérience dans le cannabis. Ça permet d’utiliser les connaissances et le feeling de tout le monde. Ça peut nous arriver de nous retrouver quatre personnes dans une salle à argumenter sur le taux d’humidité qu’on devrait choisir ou sur la température. Des fois, ça devient très émotif, parce qu’on est passionnés. » Donc en gros, faire pousser du weed exige de maintenir un délicat équilibre entre expérience, feeling et technique, mais surtout de faire preuve de constance. Le nerf de la guerre, c’est la standardisation du produit : il faut s’assurer qu’il sera toujours le même, peu importe le lot. Pour ce faire, Alexandre et son équipe documentent chacune des variables de la production : engrais utilisé, température, taux d’humidité, type de sol, etc. Tout est noté en détail, afin qu’il soit possible de recréer et surtout d’améliorer la recette. «IL FAUT ARRIVER À MARCHER SUR LA FINE LIGNE QUI SÉPARE QUANTITÉ ET QUALITÉ, ET TWEAKER LA GÉNÉTIQUE DE LA PLANTE POUR LA RENDRE MEILLEURE. C’EST INDÉNIABLEMENT UN ART.» « Ça n’en prend pas beaucoup pour changer la plante. Parfois, une variation d’un degré peut faire toute la différence. Même si deux producteurs font pousser des plants de la même génétique, ça ne veut pas dire que le produit sera de la même qualité. Et ce qui différencie les growers entre eux, c’est aussi la quantité de produits qu’ils arrivent à faire pousser. Il faut arriver à marcher sur la fine ligne qui sépare quantité et qualité, et tweaker la génétique de la plante pour la rendre meilleure. C’est indéniablement un art. » La plante du futur Si vous croyez que vous avez les compétences pour devenir maître cultivateur de cannabis, sachez que le salaire d’un tel emploi se situe entre 75 000 $ et 200 000 $ par année, selon la grosseur de la plantation à gérer. Et qu’il est même possible de devenir « Grand Master Grower » et de gérer plusieurs plantations à la fois (j’imagine qu’un titre du genre est accompagné d’un katana magique, mais Alexandre n’a pas voulu le confirmer.) IL Y A ENCORE PLEIN DE CHOSES À DÉCOUVRIR SUR CETTE PLANTE-LÀ, ET TOUT LE MONDE PEUT AMENER SA CONTRIBUTION. L’industrie du cannabis étant en pleine ascension, on commence à voir apparaître des programmes de formation un peu partout. Mais sachez qu’il y a aussi de la place pour ceux et celles qui ont appris sur le tas. « Nous, on cherche des gens qui sont passionnés par le cannabis. Il y a encore plein de choses à découvrir sur cette plante-là, et tout le monde peut amener sa contribution. Notre modèle de légalisation est un exemple pour la planète entière présentement. Et la réalité, c’est qu’éventuellement, tous les pays vont légaliser le cannabis. À ce moment-là, notre expertise en la matière sera valorisée partout dans le monde, et plein de portes vont s’ouvrir pour ceux et celles qui auront saisi l’occasion qui se présente maintenant. » « Vers l’infini et plus loin encore », comme dirait un certain Buzz!

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