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France :Il y a urgence à prescrire du cannabis dans les Ehpad

Combien, avant l'épidémie, se souciaient des Ehpad, de leurs résident·es, de leurs soignant·es? Combien étions-nous à connaître la signification de cet étrange acronyme, Établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes? La progression fulgurante du SARS-CoV-2, quelques reportages, de douloureux témoignages, les recensements encore parcelaires des cas mortels de Covid-19 ont soudain changé la donne.

Chaque soir, les dernières données chiffrées annoncent une mortalité cumulée au sein des Ehpad commençant à se rapprocher de celle des services hospitaliers de réanimation. On découvre que certains établissements sont soudain devenus des foyers infectieux durement touchés. Que des personnels soignants parent au plus pressé. Que d'autres s'enferment avec les résident·es pour mieux les protéger. Et l'on apprend dans le même temps que, selon l'Insee, près de la moitié des 1,5 million de personnes âgées dépendantes vivent dans les 7.200 Ehpad français. Au 15 avril, on recense depuis le 1er mars plus de 10.600 morts dans les hôpitaux et plus de 6.500 dans les Ehpad. La découverte de cette tragique réalité épidémique a conduit l'exécutif sanitaire à prendre différentes mesures autoritaires. Il s'agissait de tenter de prévenir au mieux le risque infectieux. Ou d'en freiner la progression dans ces espaces réunissant, confinées, de nombreuses personnes âgées et souvent fragiles. Ce fut brutal. Le 11 mars, le gouvernement décidait la suspension de l'intégralité des visites de personnes extérieures à l'établissement. Le 28 mars, il recommandait très fortement aux directions d'établissement de renforcer ces mesures de protection –et ce même en l'absence de cas suspect ou confirmé au sein de la structure.

Puis, le 6 avril, Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé annonçait le prochain lancement d'une vaste opération de dépistage de l'infection virale auprès des personnes les plus vulnérables –et ce «en mettant la priorité sur des personnes âgées, les personnes handicapées, les plus fragiles ainsi que les professionnels qui les accompagnent, en établissements comme à domicile». Dans les Ehpad, il s'agissait de tester «tous les résidents et tous les personnels à compter de l'apparition du premier cas confirmé de malades de coronavirus au sein de l'établissement», puis d'isoler les personnes infectées de celles qui ne l'étaient pas. Comme dans de nombreux chapitres de la gestion de cette épidémie, on découvre aujourd'hui que tout aurait pu être mis en œuvre plus rapidement, plus précocement. Tout s'est passé comme si les Ehpad et établissements similaires avaient été ignorés dans les questions prioritaires soulevées au moment de l'émergence de l'épidémie. Les conséquences d'une politique de lutte drastique Au moment du renforcement des mesures de protection évoqué précédemment, face à la complexité du sujet et à ses conséquences physiques et psychiques, l'exécutif a saisi le Comité consultatif national d'éthique. Le 1er avril, dans une réponse à une saisine du gouvernement les sages du CCNE réclamaient notamment la préservation, dans les Ehpad, «d'un espace de circulation physique, même limité». Aux yeux du Comité, cela «semblait impératif en dépit des mesures d'isolement, afin d'éviter que le confinement, quelle que soit sa justification au regard des impératifs de santé publique, ne devienne pour ceux qui n'ont plus la liberté de choisir leur cadre et leur mode de vie, une mesure de coercition». Mais le CCNE allait plus loin en s'interrogeant sur les conséquences du renforcement des mesures de confinement, «voire sur les conséquences des mesures de contention pour ceux dont les capacités cognitives ou comportementales sont trop altérées pour qu'ils puissent les comprendre et les respecter». Il rappelait notamment que l'environnement familial ou amical dont les personnes âgées ne peuvent plus momentanément profiter est, pour nombre d'entre elles, le lien qui les rattache au monde extérieur et leur raison essentielle de vivre –comme en témoignent de façon unanime les professionnel·les de terrain. Les en priver de manière trop brutale pourrait provoquer une sérieuse altération de leur état de santé de façon irrémédiable, voire même enlever à certain·es le désir de vivre. La prise de conscience de cette situation est aussi de nature à causer à leurs proches une souffrance majeure à laquelle il faut être particulièrement attentif. Comment mieux dire? Où l'on mesure, à travers ces lignes, la somme des souffrances et des possibles conséquences délétères pouvant découler d'une politique drastique de lutte contre l'épidémie fondée sur l'isolement, ou plus précisément le surconfinement, des personnes âgées dépendantes. Certes, quand une personne du troisième ou quatrième âge entre dans l'un de ces établissements, elle sait, si sa conscience l'y autorise, que ce sera sa dernière demeure. Puisque son état physique ou mental ne lui permet plus de rester au domicile, seule ou en famille, elle doit se résoudre à un dernier univers pensé pour les personnes dépendantes.

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