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WEEDYLAND TIMES

Tunisie :Et si la Tunisie légalisait le Cannabis?

La Tunisie comme la plupart des pays du monde vit au rythme d'une prohibition active du cannabis. La fameuse Loi 52 qu'utilisait la dictature pour s'assurer le contrôle de sa jeunesse est toujours en vigueur. Depuis 2011, plusieurs jalons ont été franchis mais en somme la consommation de cannabis reste encore fortement sanctionnée. Chaque année des milliers de vies sont détruites par cette loi.

Récemment un fait divers a fait éclater au grand jour une nouvelle fois ce sujet épineux. En effet, A.L.A artiste à succès en Tunisie a été arrêté le 6 mai 2020 pour détention de deux joints. Une mobilisation exceptionnelle a eu lieu sur les réseaux sociaux et très vite sous la pression populaire il a été relâché en attente de son procès. A.L.A est maintenant libre mais cette épée de Damoclès portée sur le cou de toute une génération est toujours là. Ses lames aiguisées sont encore prêtes à s’abattre sur tous ces anonymes qui n’auront pas la chance d’être médiatisés. Assez de souffrance, assez de malheur. Cette loi anachronique obsolète et cynique doit cesser. Nous gagnerons tous à rejoindre ce mouvement mondial de la légalisation du Cannabis. Hormis ses bienfaits prouvés sur la santé publique, la légalisation permettrait de renouer avec notre culture millénaire du chanvre « Takrouri » et de nous positionner en leader de ce marché à plusieurs milliards de dollars. Ce sujet est bien sensible je le conçois, il est même tabou pour d’autres. Mais il est temps de prendre du recul et se poser les bonnes questions. Est-ce si dangereux que ça? Et est-ce si dangereux pour tous et pour tout les âges? Enfin comment s’est opéré sa prohibition? Et pourquoi? Je vais commencer par les risques. Comme tout produit, il peut être pourvoyeur d’effets indésirables. Ainsi le cannabis altère les fonctions cognitives et peut être un danger en situation de conduite de travail ou d’apprentissage. Cet effet est transitoire. Certaines personnes peuvent développer des syndrômes psychotiques tel que des hallucinations ou des idées paranoïdes. Dans la majorité des cas ces expériences sont limitées à la période où la personne est sous l’emprise de la substance. Mais pour d’autres, plus rarement et chez des personnes plus à risque, ils peuvent développer des symptômes à long terme. Selon les experts l’usage du cannabis n’est pas nécessaire au développement d’un trouble psychotique mais il peut y contribuer chez certaines personnes. Les individus qui consomment régulièrement du cannabis peuvent aussi présenter des symptômes dépressifs ou anxieux. Enfin le grand risque est chez les adolescents et les enfants. Leur cerveau étant encore en constitution, la consommation régulière mais surtout précoce les exposent à des lésions graves. En effet, il est prouvé qu'avec une consommation régulière avant l'âge de 15 ans, cela expose à une perte de 8 points de QI en moyenne. Cet effet disparait si la consommation commence après l'âge de 25 ans. Maintenant revenons un peu à cette plante et à notre histoire avec elle au fur des âges. Tout d’abord il faut savoir que cette plante a été l’une des premières plantes domestiquées par l’Homme. Présente dès les premières révolutions agricoles du néolithiques. Prisée pour ses graines oléagineuses nourrissantes ses fibres résistantes et les propriétés médicinales de son pollen. C’était le produit phare de l’antiquité. Les chinois qui inventèrent l’anesthésie continuent jusqu’à ce jour d’épeler son nom par mazui 麻醉. Ma 麻 étant deux feuilles de cannabis séchés et Zui 醉 représentant l’ivresse, faisant ainsi écho à la technique ancestrale de l’anesthésie à base de chanvre. Malheureusement la médecine occidentale moderne a oublié ce bagage scientifique et culturel. Nous lui préférons aujourd’hui des substances beaucoup plus toxiques addictogènes et dangereuses comme le Fentanyl dans notre pratique quotidienne de l’anesthésie. C’est également un puissant anti-inflammatoire et spécifiquement anti-cox2. C’est à dire beaucoup moins nocif que notre chère Aspirine sur le système digestif. Ses bénéfices sur les maladies inflammatoires comme la maladie de Crohn, sur la Sclérose en plaque les maladies rhumatismales ne posent plus de doute. On parle même de ses effets bronchodilatateurs, antiépileptiques, neuroprotecteurs et même antipsychotiques. Enfin, c'est également une piste sérieuse dans la recherche cancérologique par ses effet onco-régulateurs. C’est nul doute pour ça que des chinois aux arabes en passant par les grecs et les romains, tous n’ont cessé d’en vanter les mérites et de rappeler sa part de lion dans la pharmacopée de leur époque. Cette plante était également la base de l’économie antique. Les archéologues disent même que la route de la soie s’était greffée sur une ancienne route du cannabis. On en faisait les cordages, les voiles, les briques des maisons, mais surtout le papier. Riche en cellulose, cette plante est quatre fois plus efficiente pour la production de papier. Là où 4 hectares de forêt sont nécessaires après des dizaines d’années de croissance, 1 seul hectare de chanvre est nécessaire après un seul cycle. Les chinois avaient inventé cette technique puis les arabes la propagèrent au monde, après la victoire d’Atlah ou un prisonnier révéla le secret tant convoité. Cette plante était si précieuse qu’une loi en Virginie en 1763 stipulait qu’il était interdit de refuser la culture de chanvre pour l'état sous peine d’emprisonnement! Jusqu'à l'introduction du coton en 1820, 80% des tissus et textiles, étaient fabriqués avec du chanvre. Henri Ford en fit même une voiture. Avec une carrosserie en plastique de Chanvre 10 fois plus résistant que la ferraille et un moteur qui tourne à l'huile de cannabis. Cette voiture de la terre propulsée par la terre, aurait pu révolutionner le marché automobile et nous éviter la catastrophe écologique que nous sommes entrain de vivre. Mais alors comment sommes-nous passés d’une société si dépendante du chanvre à une société ou l’évocation même du terme horipile, gène et fait peur? C’est encore une fois les plus vils sentiments humains qui en sont la cause. L’avarice le puritanisme et le racisme en sont venus à bout. L'histoire se passe dans l’Amérique des années 20-30 après l’exode massif des mexicains suite à la révolution dans leur pays. Ces paysans étaient venus avec leur culture. Et bien sur « le mal » étant toujours cet étranger qui nous veut du mal, une psychose a commencé à s’installer au sein de la société américaine. Rappelez vous c’était aussi le contexte de la prohibition de l’alcool avec cette société aliénée par le capitalisme sauvage, l’urbanisme à outrance et la violence qui en découle. Le lobby puritain s’était assuré le vote des femmes, premières victimes de cette violence. Et pour lui il fallait revenir à un idéal imaginaire d’une société loin des vices du malin. Ou l’état devait être garant de cette société qu’on voulait chaste, rigoriste, ascétique et austère. C’était également une société profondément raciale et ces noirs et ces mexicains qui consommaient le cannabis devenaient de plus en plus gênants. La propagande inventa alors le terme de « Marijuana » et très vite on matraqua médiatiquement la population pour véhiculer l’idée que cette plante était la plante du Diable. Mais derrière cette propagande moraliste plus que discutable, cette campagne cachait des buts pas si désintéressés que ça. En effet c’est les atouts miraculeux de cette plante qui en sonneront le glas. Beaucoup de lobbies avaient intérêt à voir ce concurrent disparaître. Elle était trop facile à produire et bien souvent de meilleure qualité que leur produit. C’est ainsi qu’un conglomérat d’intérêts se mit en place pour détrôner cette plante. Et que William Randolph Hearst et la Hearst Paper Manufacturing Division pour Kimberly Clark vont tout faire pour se débarrasser de cette plante. Ils possédaient des forêts de production énormes, et produisaient 80% des produits de papeterie. Ils gagneraient ainsi des millions de dollars à utiliser le bois. Pendant la même période en 1937 la société DuPont créa un processus de fabrication du plastique à base de pétrole et de charbon. Maintenant il était possible de fabriquer à partir du pétrole des matières comme le plastique, le cellophane, le celluloïd, le méthanol, le nylon.... Andrew Mellon devenu secrétaire des finances et le plus gros investisseur chez DuPont, mit son neveu, Harry J. Ansliger à la tête des bureaux narcotiques et drogues dangereuses. Les plus riches organisaient des réunions secrètes. Le cannabis ou Chanvre était déclaré dangereux et menaçant pour leurs milliards. Pour mettre leur dynastie en sécurité, il fallait absolument faire disparaître le Cannabis. Ils ont alors choisi le nom d'une rue mexicaine obscure : "Marijuana" et ont forcé ce mot à entrer dans l'esprit du peuple en utilisant la presse. La presse que détenait bien sûr leur ami Hearst faisaient paraître des histoires affreuses au sujet de la Marijuana. Les dangers de la Marijuana étaient en premières pages. Le peuple voyait tous les jours des catastrophes de toutes sortes soit-disant liées à la Marijuana, des accidents de voitures graves, aux histoires de basse morale. Les films au cinéma comme Reefer Madness (1936), Marijuana: Assasin of Youth (1935) et Marijuana: The Devil's Weed (1936), n'étaient que propagande des industriels pour créer un ennemi. Le but était d'obtenir le soutien du peuple pour que les nouvelles loi anti-marijuana passent. Même l’American Medical Association a été prise de court et n’a réalisé que bien trop tard le lien entre cette folle drogue "Marijuana" et le cannabis produit utilisé depuis des siècles dans grand nombre de remèdes. Ça s’était là première vague de criminalisation, son but était purement industriel et avait réussi son coup d’interdire toute la production. Une deuxième vague suivra dans les années 70 avec la fameuse « War on Drug » avec tous les moyens et l’arsenal de guerre qui lui sied. Cette fois-ci, le problème n’était plus la production mais la consommation. A cette époque l’Amérique et le monde vivaient au rythme de la plus grande révolution de l’histoire ; la révolution Hippie. Alimentée par le LSD, le psychédélisme et toutes sortes d’entheogènes, cette jeunesse allait tout remettre en question. C’est pour la première fois que l’armée américaine, grand hero et sauveur de l’humanité du fléau Nazi, se trouve critiquée sur son propre sol. Les jeunes refusent désormais de combattre au Vietnam. La contestation ébranle le pouvoir. Le capitalisme, le consumérisme et toute cette société hiérarchisée depuis des siècles ont été déstabilisés. Il faut savoir que l’un des effets secondaires du psychédélisme et du LSD en particulier, c’est qu’après avoir fait ce voyage intérieur. Apres avoir exploré ce monde sous un autre point, ces substances ouvrent l’esprit sur les bassesses et les contradictions du système. Les brebis avaient besoin d’une seule bonne expérience pour réaliser eux même l’absurdité du pouvoir. drop-acid-not-bomb Il fallait donc arrêter à tout prix cette épidémie. Cette vague qui s’apprêtait à se déferler sur l’Amerique et le monde devait être tuée dans l’œuf. D’où la guerre menée par Nixon sur le LSD et les autres « drogues » afin d’enrayer ce catalyseur de la révolution des jeunes. Pour la première fois dans l’Histoire, la police est venue saisir les stock de LSD des recherches médicales. Les scientifiques ont été arrêté et les recherches oubliées. Pourtant, ces travaux étaient fleurissants à l’époque. C’était une sorte de révolution médicale qui a même permis la découverte de la sérotonine et de toute cette chimie cérébrale dont la psychiatrie moderne en est l’héritière. Mais la stabilité du pouvoir était plus importante que tout. Et on s’acharna depuis à combattre ce phénomène médiatiquement, militairement et économiquement partout où l’oncle Sam avait emprise. Voilà donc un siècle que le cannabis est diabolisé, sa production prohibée et sa consommation criminalisée. Pourtant elle règlerait bien nos problèmes de textile, de plastique, de biocarburant, de médicament et de PLAISIR. L’Histoire aurait pu continuer ainsi pendant des décennies encore. Mais un Président exceptionnel a changé la roue du destin. Pépé Mujica grand révolutionnaire fondateur des Tupamaros et président de l’Uruguay surprit son peuple et la planète entière en 2013 en légalisant complètement la production, le commerce et l’usage du cannabis. Très vite, et devant les résultats exceptionnels du modèle économique, ce sont les grandes puissances qui s’y intéressent de nouveau. Le Colorado, la Californie et maintenant 33 états américains ont légalisé son usage. Le Canada en 2018 saute le pas et voit son économie exploser en flèche. La Grèce qui était au bords de la faillite, s’en trouve sauvée grâce à la légalisation. Même le Liban vient récemment rejoindre ces pays qui légalisent et investissent sur cet or vert du futur. A vrai dire, chaque gouvernement du monde a maintenant sur la table un projet de loi dans ce sens. Nous aussi nous pouvons le faire. Mais pour ça nous devons Oser. Nos politiques seront-ils à la hauteur de cet enjeu? Allons-nous nous mobiliser dans ce sens? Voulons-nous entrer dans le 21eme siècle? Si nous faisons le pas maintenant nous serons des leaders mais si nous le repoussons à demain nous resterons des suiveurs. Je vous laisse méditer sur ces profondes paroles de l'ancien chef du département de psychologie de Harvard et figure de proue du mouvement Hippie, Timothy Leary: "Turn on, Tune in, Drop out"

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